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23/11/2014

La Côte d’Ivoire Peut-Elle Devenir Une « Start-up Nation » ?


Côte d'Ivoire


Malgré les crises successives,  la Côte d'Ivoire reste un pays phare et un eldorado pour le reste du monde. La diplomatie économique très active menée récemment  pour attirer les investissements étrangers,  à travers le forum Investir en Côte d'Ivoire (ICI 2014), illustre le souhait des autorités d’enclencher une véritable « Révolution Start-up ».

Des obstacles à l’entrepreneuriat demeurent, parmi lesquelles des problèmes liés aux infrastructures de transport et au raccordement à l’électricité. Toutefois, trois leviers de développement méritent que l'on y prête attention.



1°) Maillon-clé du financement des start-up : l’émergence d’Ange Financiers ivoiriens

Nombreux sont ceux qui me demandent pourquoi les Business Angels ne souhaitent pas investir dans les start-up africaines, et particulièrement dans les Jeunes Pousses ivoiriennes. Je leur réponds systématiquement : «  la bonne question est : De quelle manière peut-on créer un environnement propice à l’émergence de Business Angels ivoiriens ? ». 

Un Business Angel – le terme d’Ange Financier parait plus approprié - est un individu qui perçoit en moyenne un revenu annuel de 130000000 Francs CFA et puise dans ses économies personnelles en vue d’investir dans des startups à fort potentiel de croissance pour un montant compris entre 15000000  et 65000000 Francs CFA. D’une manière générale, il exerce en réseau via des associations, adhère à des plateformes en ligne similaires à www.McKenson-Invest.com ou peut agir à titre individuel et se distingue des fonds d’investissement qui injectent des capitaux nettement supérieurs dans des entreprises déjà en phase de croissance ou de maturité.


Le métier d’Ange Financier est toujours à l’état embryonnaire en Côte d’Ivoire et d'une manière générale en Afrique francophone. Certes, les éditions 2011 et 2013 du « Forum de l’investissement privé et de l’entrepreneuriat » (Finvest) ont donné l’occasion à une cinquantaine d’Anges financiers ivoiriens de se faire connaitre auprès du grand public et des start-up présentes, mais la fréquence des éditions de ce forum, très aléatoire, ne permet pas une véritable révolution entrepreneuriale tant attendue et le bilan concernant la situation des firmes dans lesquelles ces business angels se sont engagés reste inconnu . Il  convient de chercher les causes du côté de la fiscalité dont la pression, exercée aussi bien sur les particuliers que sur les entreprises, est très élevée dans le pays. Or les Anges Financiers sont motivés avant tout par des considérations d’ordre fiscal : Tout redevable de nationalité ivoirienne devrait être en mesure de réduire ses impôts de manière substantielle en souscrivant au capital de start-up prometteuses. Les autorités devront également s’assurer que les personnalités du monde des affaires, des patrons chevronnés ayant  réussi dans leur secteur d’activité et les participants à la deuxième édition du " Diaspora For Growth Forum 2015 " prennent connaissance d'un tel dispositif pour devenir candidat en tant qu’Ange Financier.

D’autre part, la taille de la plupart des projets de startups  est considérée comme « petite », étant donné l’étroitesse du marché ivoirien, en comparaison à celles se trouvant en Afrique du Sud, au Kenya ou au Nigeria, ce qui va à l’encontre des objectifs des investisseurs qui cherchent surtout à réaliser de confortables plus-values résultant de la cession de leurs parts, après cinq ans de détention de ces titres . Les entrepreneurs doivent donc revoir leur projet à la hausse, quitte à viser le marché régional à l’échelon de l’Afrique de l’Ouest, voire s’attaquer au marché continental. Un dispositif d’exonération de 100 % pendant 5 ans, puis dégressive pendant 10 années pourrait être également mis en place en faveur des startups prometteuses, à condition que ces dernières soient créées pendant une période limitée – par exemple entre le 1 Janvier 2015 et le 31 Décembre 2016 inclus- et s’’engageraient pleinement à exercer leur activité dans cinq secteurs prioritaires définis  par les autorités compétentes. A titre de rappel, une startup n’est qu’un des différents stades de développement de l’entreprise et ne concerne pas exclusivement les Nouvelles technologies…





2°)  Les  Écoles de Commerce, piliers de l’écosystème start-up

Les Ecoles  de Commerce constituent un maillon important de l’écosystème start-up. En Côte d’Ivoire, l’École Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises (ESCAE) d’Abidjan fait figure de référence nationale


Afin de stopper le foisonnement des grandes écoles et d’assainir le milieu de l’enseignement supérieure  au regard des exigences fixées par les autorités, de nombreux établissements de management ont été interdits. Toutefois, tout le système éducatif y gagnerait davantage en crédibilité  si toutes les écoles de commerce répertoriées  jouaient la carte de la transparence. Une  commission d’évaluation des formations  les obligerait par exemple à communiquer sur un site web des informations sur la richesse pédagogique, la  sélectivité, le Nombre d’accréditation, la qualité des liens avec les entreprises, le nombre de professeurs permanents. Le lancement d’un tel site accentuerait la concurrence et tirerait les établissements de management vers le haut.  Il donnerait une garantie supplémentaire aux étudiants sur l'offre de formation qui les amènera à acquérir les compétences pluridisciplinaires  nécessaires pour créer leur propre start-up par la suite.

Il existe très peu d’incubateurs et d’accélérateurs pour accompagner les start-up dans leur phase de développement et leur quête de financement dans un pays pourtant à la recherche de son prestige économique d’antan. Chaque école de commerce devrait en posséder en interne, ce qui renforcerait grandement sa fiabilité.

Enfin, L'enseignement scolaire devrait, très tôt à partir de la classe en seconde, donner les moyens aux élèves de développer des compétences entrepreneuriales de base, leur permettant plus tard de lancer leur start-up avant même la fin de leurs études si une opportunité se présentait.

3°) Les concours, vecteur de visibilité pour les startups ivoiriennes

Les compétitions dédiées à l'entreprise se multiplient en Côte d’Ivoire : le e concours « Start Up 2014» dans le cadre Le Forum « Investir en Côte d’Ivoire », le « CGECI  Business compétition » organisé par la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire, le Concours des Jeunes Entrepreneurs Innovateurs lancé en 2013 par le « Salon Ivoirien pour le Financement de Projets » etc.

Toutefois, il reste encore une marge d'amélioration considérable : une centaine de concours, mettant en exergue tous les secteurs d’activité : - Nouvelles Technologies, Agriculture, Santé, Finance etc... – doivent être mis en place chaque année pour qu’ils soient par la suite considérés comme un maillon important de l’Ecosystème Start-up. Une confortable dotation financière à la hauteur des enjeux, au regard de l'ambition de la Côte d'Ivoire d'être un pays émergent en 2020, pourrait également accélérer l'élan et un véritable engouement autour de l’entrepreneuriat.

Ces compétitions peuvent d’abord offrir une visibilité accrue dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux tels que Facebook, LinkedIn, Viadeo ou Twitter, sur lesquels les informations concernant les heureux finalistes et leurs projets sont partagées une multitude de fois. Parallèlement, cette exposition médiatique donne l’occasion de trouver des partenaires stratégiques et des clients.

Ensuite, les investisseurs, très demandés en temps normal via les canaux classiques de mise en en relation, sont très friands de ce type d'événement et approchent  les candidats  qui obtiennent facilement d’autres rendez-vous pour donner de plus amples renseignements sur leurs plans d’affaires.

D’autre part, la motivation des lauréats se renforce considérablement par le simple de recevoir un prix et de reconnaître leur start-up comme un projet crédible.

Ces concours permettent aux entrepreneurs de peaufiner leur technique de présentation orale devant un jury de professionnels expérimentés, généralement des investisseurs, des chefs d’entreprise chevronnés ayant réussi dans leur secteur d’activité ou des mentors.

Même en cas d’échec, les candidats pourront tenir compte des observations et des remarques du jury et apporter les changements ou améliorations nécessaires aux aspects de leur plan d’affaire  - Marketing, Commercial, Comptabilité, Juridique -, ce qui constitue une meilleure approche pour tirer leur projet vers le haut.





Pour aller plus loin :




                                               Contributeur: Harley McKenson
               Fondateur & Gérant de www.McKenson-Invest.com
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